Info :

    

Éthique et performance : entre exigence et conscience

Retour sur le débat du 27 septembre 2025 – Aquila Farm, en collaboration avec la LEWB et la Commission d’éthique et du bien-être animal.

Une journée dense, autour d’un thème qui questionne autant qu’il rassemble : comment concilier éthique et performance sans trahir ni le cheval, ni le sport ?

Les échanges ont été francs, parfois bousculant, mais toujours portés par une même conviction : celle que le respect du vivant n’est pas une option, mais une direction.

 

  1. L’éthique, concrètement, qu’est-ce que cela veut dire ?
    Quand on parle d’éthique dans le sport équestre, on parle de choix. Des choix qui dépassent la technique. Des choix qui engagent le cavalier, le coach, le propriétaire.
    L’éthique, c’est le regard qu’on pose sur le cheval. C’est refuser de le réduire à sa fonction. C’est le reconnaître comme un être sensible, doté d’émotions, de besoins, d’une histoire. Et c’est, chaque jour, ajuster sa pratique à cette réalité-là.
  1. La relation cavalier-cheval : du contrôle à la coopération
    Avant toute performance, il y a une relation. Un dialogue silencieux, fragile, qui se construit dans la confiance. C’est là que tout se joue. Un cheval n’est pas un outil de performance. Il devient partenaire quand il est compris, écouté, respecté.
    Quand on cesse de vouloir gagner contre et qu’on apprend à réussir avec. C’est là que la magie opère : quand le travail cesse d’être une contrainte et devient un langage commun.
  1. Respect mutuel et performance durable
    Le respect n’est pas un frein à la performance. Il en est la condition. Un cheval respecté, c’est un cheval qui ose, qui apprend, qui donne.
    La performance durable naît d’un partenariat équilibré, pas d’une domination. Parce qu’un cheval en confiance, c’est un cheval disponible. Et parce qu’aucun résultat, aussi brillant soit-il, ne justifie la perte de cette confiance.
  1. Responsabilité du cavalier : jusqu’où aller ?
    Le cavalier a un pouvoir immense. Et donc une responsabilité immense. 
    Où s’arrête la recherche de performance ? Où commence la responsabilité morale ? Cette frontière, chacun la trace différemment, mais elle devrait toujours inclure une chose : la capacité à dire stop.
    À reconnaître que le cheval n’est pas une machine, mais un individu. À remettre en question ses méthodes, ses objectifs, ses habitudesLe véritable professionnalisme, c’est peut-être là qu’il commence.
  2. Reconnaître et respecter les limites

Reconnaître les signes. Les petits signaux avant les grands cris. Un regard, une tension, une fatigue, une perte d’envie.
Respecter les limites, c’est savoir écouter ce qui ne s’exprime pas toujours par la performance. C’est accepter de ralentir, d’adapter, d’apprendre à faire mieux plutôt que plus. C’est une forme de lucidité. Une forme d’amour aussi.

  1. L’éthique en compétition : à quel prix la victoire ?
    Des cavaliers de haut niveau, des podiums, des médailles… mais à quel prix ? Peut-on encore parler de victoire quand elle se fait au détriment du cheval ?
    Certains l’ont dit avec force : l’éthique, c’est parfois refuser un titre, mais gagner en cohérence. Parce qu’à long terme, le respect construit plus solidement que la performance forcée. Et parce que le public, lui aussi, change : il voit, il juge, il attend autre chose du sport. Une forme d’excellence qui rime avec conscience.

 

Conclusions
Aujourd’hui, nous n’avons pas clos le débat. Nous avons ouvert une porte... Parce qu’un sujet comme celui-là n’a pas vocation à se terminer. Il doit continuer à se nourrir, à évoluer, à déranger parfois.

Mais une chose frappante : ce qui nous réunit tous, c’est l’amour du cheval. C’est lui, le centre, le lien.

Nous sommes tous, au fond, des gens de chevaux. Des passionnés, des hommes et des femmes qui vivent avec eux, qui les aiment. Et si nous prenons le temps de venir à ce genre de conférences… c’est parce que nous partageons cette même envie : faire mieux.

Faire mieux pour eux. Pour nous aussi, peut-être. Et au fond, c’est peut-être là que commence la plus belle forme de performance.

 

Les voix du débat :

Aurélie de Mévius (fondatrice d’Aquila Farm) : remettre l’animal au centre du débat, un cheval est un cheval avant tout, et la qualité de la relation se révèle dans la performance.

Lara de Liedekerke-Meier (cavalière internationale de complet) : la compréhension et l’amour du cheval pour faire évoluer notre sport de la plus belle des manières.

Dr Adeline Tischmacher (spécialiste en pathologie locomotrice, médecine du sport et réhabilitation équine) : ce qui est important pour moi, en tant que vétérinaire, c’est de bien connaître son cheval pour lui offrir les meilleures conditions de vie et de travail, détecter les premiers signes d’inconfort, car ils influencent autant la performance que le bien-être au quotidien.

Françoise Hologne (cavalière de dressage) : la performance ne doit pas se faire au détriment du bien-être du cheval, chaque cheval a son propre rythme d’apprentissage, et respecter ce rythme demande écoute et patience.

Dominique Joassin (cavalier de jumping, entraîneur des Équicadets, cavalier 4 *) : ce qui me semble primordial, c’est d’abord de déterminer ses propres objectifs, puis de choisir le cheval qui correspond.